Une facette d’intervenante musicale : le bricolage
Passionnée par les petites percussions, qui permettent aux jeunes musiciens de découvrir des sons et des matières différentes, je ne me lasse jamais d’en dénicher de nouvelles. Cet été, j’ai découvert, en vacances, un sabotier qui fabriquait des sabots — évidemment — mais pas que ! Il utilisait des machines anciennes, un régal à l’observer. J’ai récupéré un sifflet de train, un appeau d’oiseau et une minuscule flûte. J’aurais dévalisé sa boutique ! Ce sont des petits instruments que l’on trouve facilement sur Internet (pas forcément made in France…). Sauf que là, j’ai vu cet homme créer devant moi. Le charme sera tout autre quand je sortirai ces nouveautés pendant mes ateliers.
J’ai donc acheté de l’artisanat, tout prêt à être utilisé. La facilité.
En tant que musicienne, je dois aussi entretenir mes multiples petits instruments, qui sont maniés et remaniés par des bébés, des enfants de maternelle et de primaire. Ce n’est pas mon point fort, n’étant pas très manuelle. Pour autant, pas le choix : il faut essayer, casser, recommencer, s’améliorer (et demander de l’aide !).
Prof d’éveil musical, c’est passer beaucoup de temps à créer : des fiches d’écoute, des fiches de rythmes, des jeux de cartes musicales, apprendre de nouvelles chansons, en inventer… (en passant de nombreuses heures à se perdre dans les méandres d’Internet et des ressources qui existent).
C’est un métier qui me fait enfiler plusieurs casquettes, et c’est ce que j’aime.
Même si beaucoup d’instruments existants sont adaptés aux mains des enfants, dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, j’avais trouvé des mailloches pour utiliser sur des tambourins, cymbales ou balafon. Le son me plaisait, avec le bout légèrement en caoutchouc pour assourdir l’élan de la frappe. Mais… Le manche était bien trop long. J’ai pris le temps de les adapter pour mes séances d’éveil musical. Du mini bricolage : j’ai juste coupé et poncé. Ça fait partie de la préparation, finalement.
En étant auprès des jeunes enfants depuis de nombreuses années, je vois ce qui fonctionne ou non. Et c’est toute la richesse de ces moments d’éveil musical : prendre le temps d’observer, en laissant les enfants patouiller avec les percussions sans intervenir, pour voir comment ils vont s’approprier l’instrument. Avant de montrer la ou les « bonnes » manières de faire, ce temps de découverte par eux-mêmes est essentiel : toucher/ouïe/goût/vue. Ils utilisent tous leurs sens.
En me déplaçant dans des structures de la petite enfance comme les crèches, les échanges avec les professionnel(le)s me permettent d’ajuster ma pratique continuellement.
Pour en revenir au bricolage (aussi simple soit-il), il aide à garder ce qui est « ancien » pour réinvestir dans du plus moderne. Et en musique, les deux sont importants !
Certains musiciens sont très doués pour inventer et fabriquer leur propre instrument, comme les luthiers, qui en ont fait leur métier. Je vois aussi des artistes détourner des objets du quotidien, comme un manche d’aspirateur pour en faire une flûte, ou une poubelle qui se transforme en basse (appelée Bass-Poubelle du coup). Vraiment, la musique permet tellement de choses !
L’atelier d’éveil musical peut aussi être un moment de création d’instruments, avec peu de choses et de la récup ».
En fin de compte, l’éveil musical ne se limite pas à la découverte de sons ou à la manipulation d’instruments. C’est un univers où artisanat, créativité et transmission se rencontrent pour offrir aux enfants un moment d’expression. En tant que musicienne et pédagogue, j’apprends autant qu’eux à travers ces expériences. Le bricolage d’instruments, la découverte de nouvelles textures sonores ou l’ajustement d’outils pour les petites mains ne sont que des moyens d’encourager cette liberté artistique.
Et c’est bien là tout l’intérêt : offrir aux plus jeunes la possibilité de créer, d’explorer et de s’épanouir à travers la musique.