Vouloir trop en faire en éveil musical
Qu’elle soit préparée ou spontanée, une séance d’éveil musical est toujours structurée. Sur papier, ou dans la tête, l’animateur sait où il va. Pour ma part, au fil des années, j’ai affiné, ajusté et transformé ma manière de concevoir ces ateliers. L’expérience m’a fait évoluer, les formations aussi, et j’ai appris à éviter une erreur courante : vouloir trop en faire en une seule séance.
Dans ce billet de blog automnal, je vous raconte mon expérience — vous vous y retrouverez peut-être, même avec un métier différent !
Tout donner…
Quand j’ai commencé à animer des ateliers d’éveil musical, je voulais montrer à quel point “ça valait le coup” : chansons, instruments, jeux rythmiques, chaque séance était une explosion de découvertes. Je me donnais à fond, en présence d’adultes ou de professionnel(le)s, comme des bibliothécaires. Et auprès des enfants aussi, dans cette envie de partager. C’était dynamique et entrainant, avec des moments très doux.
Mais…
Parce qu’il y a un mais dans ces ateliers pourtant très positifs, avec de bons retours à chaque fois !
J’ai vite compris que si une séance est trop chargée, les enfants finissent par devenir spectateurs, plutôt qu’acteurs de leur propre découverte musicale.
Et l’essence de l’éveil musical, c’est justement cette exploration autonome, la découverte de la musique par l’enfant.
L’importance de prendre le temps
L’éveil musical repose sur la découverte progressive. Enchaîner trop d’activités ou de nouveautés ne permet pas aux tout-petits d’explorer, de toucher, de tester, d’essayer par eux-mêmes. Il faut les laisser patouiller dans les sons !
Avant, j’avais peur de ne pas leur proposer suffisamment, surtout lors des séances ponctuelles. Peur du regard de l’adulte présent, si je ne proposais « pas assez ». Pourtant, je finissais souvent par sauter en cours de séance certaines chansons ou autres que j’avais préparées. Les retours étaient bons, pourtant ce n’était pas complètement ce que je souhaitais proposer.
Aujourd’hui, je continue d’échanger en amont de la séance et après, avec les familles ou les professionnel(le)s, pour ajuster mes ateliers en fonction de leur demande. Je peux mieux expliquer ce qu’est l’éveil musical, différent d’un temps d’animation musicale.
Accompagner, sans diriger
L’éveil musical n’est pas un apprentissage technique, mais une exploration. Bien sûr, l’enfant apprend en jouant, mais s’il tient son instrument à l’envers, ce n’est pas grave. Il est là pour découvrir ! Mon rôle est de l’accompagner, de le laisser faire, et parfois de lui montrer une autre manière — ou pas. La technique se développera progressivement, avec l’évolution de sa motricité fine, et son regard observateur, qui lui permet d’intégrer une multitude de choses, sans forcément vouloir reproduire immédiatement.
Dans mes ateliers réguliers, les enfants ont l’opportunité de tester plusieurs fois un même instrument, de reconnaître des chansons et d’apprivoiser ces moments musicaux. La répétition est précieuse pour eux : au fil des mois, ils évoluent avec leur corps qui grandit.
Pour une séance ponctuelle, l’enfant découvre des sons, des rythmes, des textures… Et c’est déjà une grande chance !
L’intérêt d’un accompagnement en petit groupe
Le nombre d’enfants lors d’un atelier est également crucial. Avec un groupe de 15 enfants, ce n’est pas le même accompagnement personnalisé qu’avec un petit groupe de 5 ou 6. Dans un grand groupe, c’est davantage de l’éveil musical-animation (très sympa aussi !). En revanche, un petit groupe permet un véritable moment d’éveil musical.
Avec la même préparation, la dynamique sera complètement différente selon la taille du groupe. Ce n’est pas mieux ou moins bien, c’est simplement une autre expérience.
Prendre le temps, savourer, profiter
Pour revenir au titre de cet article, “L’erreur de vouloir trop en faire en éveil musical,” je voudrais insister sur l’importance du temps. Prenons-le. Ne cherchons pas à surstimuler les enfants. C’est dans la lenteur et la répétition que les tout-petits grandissent. Prenons le temps de savourer, de profiter de chaque instant.
À bientôt pour un prochain billet sur l’éveil musical… ou sur l’écriture !
Solène
[ Ce mois-ci, je suis sur des crèches des Ulis (91) pour plusieurs Patouilles sonores.
Le samedi 16 novembre, je participe au salon du livre de Villemoison, et il y aura une Patouille sonore à 16h pour les enfants, sur le thème de la mer ! Les ateliers à l’année continue à l’école Ste Suzanne et la MJC d’Orsay.
Étant sur pas mal de structures depuis plusieurs mois, les Patouilles sonores ponctuelles se font plus rares pour le moment. Des séances parents/enfants reprendront dès que j’aurais pris le temps de trouver un lieu pour accueillir ces moments musicaux ! ]